
Pourquoi y a-t-il tant de lesbiennes tatouées? Est-ce une marque identitaire? Des filles ont accepté de nous expliquer leur démarche.
Il suffit de faire un tour dans les soirées lesbiennes pour s’en rendre compte: le nombre de filles tatouées y est souvent impressionnant.
D’où vient cet amour pour l’encre chez les filles qui aiment les filles? Répond-il à une démarche identitaire?
Many, tatoueuse à Eurotribal à Paris, voit passer beaucoup de filles homos dans le salon où elle travaille. «Je tatoue pas mal de lesbiennes, décrit-elle. Comme j’évolue un peu dans le milieu lesbien, les filles se passent le mot. Mais je ne pense pas qu’il y ait de « tatouage type » pour lesbienne. C’est davantage une question d’individualité et de goûts perso…». Et d’ajouter qu’elle ne perçoit «pas spécialement de codes lesbiens»: «j’ai quand même déjà tatoué des signes féminins, sur les poignets ou les épaules, mais c’est rare.»
Il ne faudrait donc pas confondre l’importance numérique des lesbiennes tatouées avec un sentiment identitaire… Many en témoigne: «Il n’y a pas plus perso qu’un tattoo. Chacun met ce qu’il veut dans sa démarche, que ce soit symbolique ou esthétique».
Faire un tatouage c’est surtout faire ce que l’on veut de son corps. Ce qui est loin d’être toujours le cas: difficile de choisir les traits de son visage, la taille de nos jambes, la teinte de notre peau. Le tatouage est, au contraire, entièrement choisi, de son style à sa signification. On aime être belle? Bien dans sa peau? Aujourd’hui, on s’aime aussi tatouée…
Mais un tatouage, ce n’est pas seulement un dessin, c’est aussi un acte en soi. Et se faire tatouer peut être un moyen pour certaines d’extérioriser un sentiment, une pensée, une revendication. Justine avoue se faire parfois tatouer d’une manière impulsive. «Par exemple ce tatouage, « no love lost », je l’ai vraiment fait sur un coup de tête. J’ai eu besoin de le faire tout de suite, alors je l’ai fait…».
D’ailleurs, Justine n’en est ni à son premier tatouage, ni à son dernier. Les tatoué(e)s en témoignent, le tattoo a quelque chose d’addictif. Car au-delà de son effet cathartique, il peut donner un sentiment de puissance. Certainement parce qu’il permet de s’entourer d’éléments plaisants, forts, intimes… Et intimidant pour les autres, parfois. Imaginez un pendentif porte-bonheur, que vous ne perdrez jamais. Ou encore, bien sûr, le nom de votre copine gravé sur votre peau… Forever.
Certaine profitent de l’encre pour initier un jeu avec les genres. Comme Elvis, qui s’est tatouée sur son épaule une hache et un diadème entrecroisés. Elle nous explique avoir déliré mais surtout avoir joué avec les codes masculins/féminins… «D’autant qu’un tatouage sur l’épaule est plutôt normé masculin», précise-t-elle. Mais un tatouage n’enlève rien à la féminité de qui en veut.
Source: Tetu